Achetons de l'héroïne
mieux vaut la détruire après qu'avant
Que ce soit en Afghanistan ou en Colombie, pays où la drogue fait les politiciens et la politique produit la drogue, la stratégie Occidentale et principalement Américaine est la même.
Elle consiste à abolir la culture des plantes servant à la fabrication de drogues principalement vendues et consommées en Occident.
Différentes tactiques sont utilisées:
- Détruire les champs, mais cela pousse les agriculteurs à la misère. Donc des fonds sont mobilisés pour les inciter à faire pousser une plante qui pousse moins bien, rapporte moins aux agriculteurs (puisque l'aide alimentaire revient moins chère aux populations locales) et ne correspond pas à la tradition.
- Forcer les agriculteurs à l'exode vers les villes, où ils augmentent la misère des bidonvilles, la criminalité et l'exclusion sociale.
- Soudoyer les potentats locaux qui n'en stoppent pas moins la production des plantes incriminées et affaiblissent le pouvoir central.
- Refonder un système politique en y insufflant artificiellement des mécanismes inadaptés aux situations locales et historiques, telles que le parlementarisme censé correspondre à la démocratie.
Dans tous ces cas (et ceux que nous ne mentionnons pas), on provoque trois réactions principales:
- Les violentes interventions des armées occidentales sont perçues comme autant d'aggressions venues d'une puissance occupante extérieure.
- Les immenses fonds attribués sont largement détournés par les cliques politiciennes nationales ou locales, à leur seul profit.
- L'argent coule à flot des deux côtés pour l'achat d'armes de plus en plus sophistiquées
Les résultats sont donc à peu près nuls et contre-productifs puisque, la production de drogue n'étant pas stoppée, entretient la poursuite de guerres qui semblent interminables.
La solution la plus rapide, la moins violente et finalement la moins chère, consisterait à acheter systématiquement toutes les cultures de coca et d'opium une fois celles-ci récoltées.
C'est politiquement sensible mais il faudra y venir, particulièrement en Afghanistan , car cela permettra de quitter militairement ce pays qui déteste toute occupation étrangère.
C'est là une approche/solution vraiment très intéressante. Est-elle appliquée quelque part?
Me viennent cependant en tête quelques questions sur la gestion a posteriori de ces stocks.
On imagine bien toute la corruption et les fuites que ne manqueraient pas de provoquer de tels stocks dans les pays acheteurs. Ce qui me plait dans la solution que tu avances, c'est que la gestion du problème criminel se trouve déplacée (ou plutôt fortement reconcentrée) dans les pays consommateurs de la matière transformée.
En achetant une production entière, je ne vois pas d'autre moyen de contrer la question précédente que d'opérer une destruction sur site. L'idée est séduisante et en admettant qu'elle soit efficacement et partout appliquée, le risque d'en arriver à une situation étrange — à savoir celle ou les producteurs, conforté dans l'écoulement des stocks, peuvent avoir intérêt à développer le volume des cultures — existe t-il ?
L'autre problème que j'entrevois, toujours en admettant la destruction entière des stocks de matière première à la récolte, est la destruction de toute une économie parallèle. Certe ces économies n'apparaissent souhaitables qu'à un très petit nombre de personnes mais ces mêmes personnes sont parfois suffisamment bien placées (armées ?) pour soutenir leurs intérêt et j'en reviens là au risque de corruption. Et si le marché devait effectivement s'effondrer en raison de la disparition des matières premières, n'y a t-il pas de grandes chances pour que ce soit au profit d'un autre marché parallèle peu ou pas encore exploité ?
Par contre, avec l'argent ainsi reçu, je ne vois pas comment cette solution serait un frein au trafic d'armes ? Si je te suis bien, c'est parceque l'argent serait directement versé au producteur/agriculteur. C'est bien ça? Cela n'aurait pas il me semble l'effet garanti de le protéger à coup sur des dérives gouvernementales locales ou simplement de pratique "mafieuses". Mais en même temps, il est vrai que l'on ne peut pas toujours voir à tout.
DNM | Le Dimanche 02/11/2008 à 11:19 | | Répondre