Afghanistan, lieu de tous les décalages (1)
le temps, l'Otan, l'attente
Des trois candidats Américains les plus susceptibles de gagner c'est la Sénatrice Clinton qui a le mieux défini l'importance stratégique de l'Afghanistan : prioritaire.
Mais il reste un an et rien ne dit qu'elle remportera les élections de Novembre ni que sa stratégie trouvera une tactique à l'heure dite.
Pour l'instant on assiste du côté Occidental à un One Man Show: après les rodomontades de Condoleezza Rice l'année dernière, c'est au tour de Robert Gates de tenter de reprendre la situation en mains.
Il est bien tard, et s'il est vrai que l'OTAN et l'Armée US fonctionnent là-bàs de façon erratique, ce qui semblait déjà clair, il est également certain que le Secrétaire à la Défense Américain ne s'y prend pas vraiment bien: il y a six semaines il vexait les Anglais, les Hollandais et les Canadiens en déclarant que les troupes de l'OTAN n'étaient pas préparées convenablement aux actions de contre-insurrection.
C'était une bévue puisque ces trois pays sont les seuls à accepter de combattre dans les régions dangereuses.
Le PM Canadien a d'ailleurs mis les Alliés au pied du mur: soit plus de pays s'engagent soit les Canadiens, dont près de 100 soldats ont péri pour Kaboul, se retirent.
Aujourd'hui, R.Gates veut que les Allemands (H.Morin l'actuel Ministre de la défense Français lui a fait remarquer que lParis était de plus en plus engagé au Tchad) acceptent de risquer la vie de leurs hommes dans les zones où se déroulent les vrais combats, et où il vient d'affecter 3500 Marines supplémentaires.
Le ton de Gates est cassant, or les Allemands n'acceptent plus de se laisser traiter comme des sous-fifres dépendants: ils arguent de leur présence (+3200hommes) dans les zones pacifiées, de leur important soutien logistique depuis les aéroports militaires sur le sol Allemand.
Mais surtout, et la plupart des états-majors alliés abondent dans ce sens, ils déplorent l'absence de cohérence et de vision claire des problèmes persistants, dont le premier est la non-identification claire de l'adversaire et des positions à soutenir. Le second problème réside toujours dans la méthodologie complexe et quelque peu brouillée démontrée jusqu'ici.
Pour autant, les responsables US et Européens en place s'accordent sur quelques lignes :
- Les adversaires Afghans sont avant tout les Balouches (Pashtounes, généralement rétrogrades et xénophobes) lesquels ne reconnaissent pas la frontière Afghano-Pakistanaise et utilisent les Régions Tribales de ce dernier pays comme base arrière.
- La présence d'éléments étrangers très efficaces au Pakistan et au Sud, Sud-Est de l'Afghanistan brouille le message et provoque des frictions entre Islamabad et Washington , les Pakistanais refusant de voir débarquer près de 1000 hommes des Forces Spéciales US dans le Bajaur, le Mohmand et les Provinces du Nord-Ouest).
- Le narco-traffic finance la guerre contre les Alliés, et pourtant ceux-ci occupent la plupart des territoires incriminés. Mais le gouvernement de Kaboul s'effondrerait immédiatement si les seigneurs de la guerre, également ministres, gouverneurs et producteurs de pavot ne trouvaient plus d'intérêt financier à leur présence auprès de Karzai.
- Enfin, l'Administration Bush a démontré tant de fois sa pusillanimité et son irréalisme que les Européens en viendraient facilement à oublier qu'une défaite militaire de l'OTAN dans sa première opération hors de ses zones d'action traditionnelles, pourraient en sonner le glas. Les officiers sont conscients de la frayeur de leurs responsables politiques.
Attente des élections US.
Attente d'une modification des règles d'engagement.
Attente des hélicoptères Européens promis depuis deux (trois) ans.
Attente du rétablissement de la situation politique et militaire du Pakistan .
Attente, enfin, de la prochaine offensive des Taliban .
Ces éléments sont parfaitement clairs pour les Afghans eux-mêmes. Du coup l'on voit mal pourquoi ils s'engageraient plus, malgré l'envie qu'ils en aient et qui se manifeste de temps à autre à Kaboul même, au sein de la population dite éclairée.
Tout ceci fait qu'au lieu d'apparaître comme une reprise en mains, l'activité du Secrétaire à la Défense Américain dégage un léger parfum de panique.
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