Sep. 08
08
Des alliances inédites passées sous silence
Comment la France pêche en eaux claires et troubles
Le récent mini-sommet entre la France, la Turquie , le Qatar et la Syrie a fait couler très peu d'encre.
C'était pourtant un évènement totalement nouveau dans la région, et constitue l'ébauche d'un rééquilibrage qui pourrait se révéler très prometteur:
- La France, sous l'actuel Président et dans son rôle de leader semestriel de l'UE, se veut amie d'Israel .
- La Turquie , membre de l'OTAN et aspirante à l'UE, est un partenaire musulman très apprécié d'Israel , qui lui concède le droit d'utiliser son espace aérien en vue d'entraîner les pilotes de Tsahal et qui, dans le même temps, a conclu un accord de coopération avec l'Iran relatif au PKK, le parti kurde engagé dans des actions dites terroristes.
- La Syrie de son côté, tente une ouverture vers l'Occident, poursuit des négociations de paix avec Israel (grâce à la médiation Turque), tout en affirmant haut et fort son amitié avec l'Iran .
- Le Qatar, enfin, qui a signé des accords militaires avec la France incluant même un projet de base navale sur ses côtes, joue un rôle de premier plan dans les négociations inter-arabes d'une part, et arabo-israeliennes d'autre part.
Les Etats-Unis, pour l'instant tenus hors de ce jeu et sans grande crédibilité jusqu'à l'arrivée de la nouvelle administration laissent faire, au grand dam des partis belliqueux irréductibles en Israel , coincés eux aussi par la lente agonie gouvernementale de Tel-Aviv et qui voudraient absolument durcir le jeu en aggravant la menace iranienne, ce qui leur permettrait d'être le plus agressifs posssibles envers les Palestiniens, et éventuellement le Liban .
La Russie essaye de rentrer dans le jeu par l'entremise de fournitures d'armes à Assad mais possède pour l'instant un train de retard sur la France.
Si l'on comprend qu'Erdogan, le PM d'Ankara , tient là un moyen de se rapprocher du pays européen le plus hostile à son intégration et que le tandem Medvedev-Poutine est désireux de ne pas nuire à Sarkozy tout en ne bougeant pas sur l'Ossétie et l'Abkasie, il semble que le président français tienne là une opportunité historique (pardon pour ce mot grandiloquent) pour non pas régler le problème Israelo-Palestinien, mais fournir à cette région un moyen de redistribuer les cartes et d'ouvrir des dialogues longtemps espérés et indispensables entre Israel , les pays Arabes, l'UE, la Turquie , l'Iran et la Russie .
La fenêtre est courte, et il importe aux différents partenaires de rassurer les USA , jamais heureux quand leur influence n'est pas prépondérante dans la région.
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