Oct. 08
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Durant la crise, les travaux continuent
une entente décalée
Petit à petit, la France et la Russie consolident un dialogue discret riche en perspectives de toutes sortes, la moindre n'étant pas un rééquilibrage intra et extra européen inattendu.
- Un concours de circonstances (la présidence Française de l'UE au moment de la guerre Géorgie -Russie d'Août, la crise financière)
- la volonté d'affirmation personnelle (le président Sarkozy était fortement en quête de remontée de son image et désireux d'augmenter son influence, le président Russe était soucieux d'exister),
- des atomes crochus (alors qu'au départ le Français était très séduit par Wladimir Poutine, la personnalité complexe de Medvedev l'a favorablement surpris), et les deux leaders Russes apprécient l'ego démonstratif du chef d'Etat français.
- l'extraordinaire vide laissé par les USA
Après l'aventure militaire Géorgienne avortée et la réaction exagérée des Russes, le volontarisme du président français et son rôle temporaire à la tête de l'UE l'ont amené à être le principal - voire unique- interlocuteur de dimension internationale à Moscou.
Alors que les Russes l'avaient assez bien manoeuvré relativement au plan de cessez-le-feu en ajoutant deux paragraphes aux quatre que Sarkozy proposait, le Français s'est par la suite montré bien plus tenace que l'on ne s'attendait devant les débordements et manquements du duo Medvedev-Poutine.
Au lieu de se rengorger de son (très relatif) succès dilomatique le président a, depuis Paris et Bruxelles, plusieurs fois activement reproché aux Russes leur dérapage, tout en faisant savoir qu'il poursuivait un dialogue fréquent avec les faux jumeaux de Moscou.
Du coup sa stature, comparée à celles de ses partenaires, s'est rehaussée non seulement en Europe de l'Ouest mais aussi auprès des Américains et des républiques ex-soviétiques (parler de Sarkozy dans les soirées à Washington , c'est entendre une litanie de louanges et d'envie!).
En effet, alors qu'Angela Merkel -en phase électorale- a poursuivi une politique de conciliation un peu trop poussée envers les Russes et que Gordon Brown,-alors au plus bas dans les sondages-, fidèle à la position anglaise en mettait des couches sur la fermeté, les Américains faisaient l'étalage de leur impuissance (Bush) de leur russophobie déplacée (Cheney à Tbilissi) ou de leurs incantations intempestives (Condoleezza Rice), le président français se gardait de tout anathème tout en restant ferme sur ses positions.
Du coup les Russes, qui s'étaient au départ crus en position de force (soulagés en réalité de n'avoir pas étalé la faiblesse réelle de l'armée mais au contraire fait croire à sa renaissance) l'ont approché lorsque la crise financière les a dangereusement affaiblis (baisse de 63% du RTS depuis Août, fuite des capitaux à hauteur de 53 milliards de dollars) et que leur isolement diplomatique est devenu flagrant: même la Biélorussie les a condamnés.
C'est ainsi que Medvedev a choisi sa visite à Evian pour lancer un appel à un rapprochement entre l'UE et la Russie .
Certes, cet appel est passé inaperçu entre, d'une part, une rhétorique anti-américaine décalée et une proposition intenable de réécrire un Pacte de solidarité Russo-Européen, auquel Bruxelles ne peut souscrire tant que le problème de l'intégrité territoriale Géorgienne n'est pas résolu.
Il n'empêche: les Russes n'ont plus actuellement de partenaire politique au niveau Occidental que l'occupant de l'Elysée, puisque Merkel ne s'entretient avec eux que dans le cadre de relations bilatérales, essentiellement en rapport avec les échanges commerciaux.
De plus, Medvedev comme Poutine n'ont pas caché la confiance -qui les a sans doute eux-mêmes surpris- qu'ils nourrissaient envers le président français, lequel mélange chaleur, décontraction et humour dans leurs rapports personnels avec une attitude presque teigneuse dans les discussions politiques.
Ajoutant à cela les avancées françaises enregistrées auprès des Syriens et des Turcs, le vide actuel Américain et Israelien laisse les leaders moscovites devant une perspective intéressante pour disposer non seulement d'une alternative de secours en cas de durcissement occidental (si MCain est clairement anti russe , Obama n'est pas non plus considéré avec chaleur à Moscou) mais surtout d'un interlocuteur qui semble ne pas mettre de limite à son désir d'intervention.
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