Sep. 07
05
Irak: Sadr contre Badr
Le prochain grand tournant d'une guerre protéiforme
Résumé des épisodes précédents:
- le gouvernement Irakien proposa il y a plus de six mois une loi sur le pétrole, soi-disant écrite par le "Federal Oil and Gas Council" et ayant pour but de répartir équitablement les revenus pétroliers entre les différentes parties irakiennes.
- Une fuite permit à certaines personnes de prendre connaissance de ce document, initialement et curieusement rédigé en Anglais et de se rendre compte que ce projet de loi n'attribuait finalement aux Irakiens qu'un peu plus de 5% desdits revenus, le reste devant aller directement aux entreprises étrangères, souvent très proches des plus éminents (c'est un euphémisme) responsables US.
- Contrairement à toute attente, dont la nôtre, cette loi n'est toujours pas passée, le mérite en revenant grandement à Moktada al-Sadr qui, en retirant ses députés et parfois ministres, empêcha d'atteindre le quorum nécessaire pour voter une loi.
On parle aussi beaucoup de remplacer le Premier Ministre et son gouvernement corrompu, comme s'il était reponsable de l'état politique lamentable du pays.
Pourtant, à l'heure où les Anglais se retranchent dans la base fortifiée autour de l'aéroport de Bassora, les prémisses d'un nouveau combat fratricide se font jour, dont l'enjeu, toujours pétrolier, se jouera forcément au Sud.
Les deux grands mouvements Chiites devraient s'affronter.
D'un côté la fameuse Armée du Mahdi, dirigée par Moqtada-al-Sadr et basée autour de Baghdad; de l'autre le SIIC( Conseil Suprème Islamique en Irak - groupe Badr) dirigé par Al-Hakim, traditionnellement proche de l'Iran , tant d'un point de vue historique, géographique qu'idéologique.
Les premiers signes évidents de cette lutte se sont manifestés à Najaf lors des récents combats inter-Chiites.
Moqtada, qui s'était agité précipitamment a sagement reculé, faisant passer ce repli pour un reprise en main des éléments armés qui se prétendent faussement de son mouvement.
Les principaux responsables et dignitaires religieux Chiites veulent en effet éviter absolument une déchirure intra-communautaire.
Pourtant, les Chiites du Nord refusent de laisser le SIIC épurer la région de tous les groupuscules plus ou moins mafieux, afin de prendre le contrôle du Sud désormais déserté par les Anglais et soi-disant sous le contrôle des autorités officielles de l'Irak (ce qui ferait bien rire tout le monde si la situation n'était pas aussi explosive).
Même s'il a momentanément reculé, Moqtada a marqué le coup: dorénavant, chacun en Irak (sauf peut-être les responsables civils Américains) sait que le pactole pétrolier doit être en partie distribué à l'armée du Mahdi (non pas tant forcément à fins d'enrichissement personnel que de répartition sociale et politique), et que les décisions concernant les carburants ne peuvent se dérouler sans son accord.
Reste qu'Al Hakim n'a pas fait connaître l'étendue de sa détermination. Son intelligence et son sens politique reconnus devraient lui commander d'agir avec l'apparent assentiment de la communauté, et donc des proches de la plus haute personnalité religieuse Chiite irakienne, Ali Sistani actuellement en assez mauvaise santé.
Reste aussi que les "laïcs" et autres affidés de Kellogg, Halliburton et autres pétroliers Américains vont tenter de ne pas se faire éliminer du jeu qu'ils croyaient jusque-là contrôler avec une discrétion qu'il leur faut maintenir coûte que coûte (d'où les nombreuses invectives anti-Iraniennes).
Pourtant, les mois, voire même les semaines prochaines devraient être fort agitées dans le Sud, où les petites épurations actuelles risquent de prendre l'ampleur de combats qu'il sera difficile de cacher sans détourner le regard vers un autre point net (excusez le jeu de mots): un conflit Irako-Iranien, voire Israelo ou Américano-Iranien
Derniers commentaires
→ plus de commentaires