Mars 08
24
L'Amérique et les divisions
divisions internes et entre alliés face aux réconciliations adverses
Alors que les camps politiques Américains semblent de plus en plus divisés, non seulement G.O.P contre Démocrates mais au sein de chacun des partis, voilà que les responsables des stratégies diplomatiques et militaires voient avec une crainte grandissante se profiler une nouvelle perspective: la fin de divisions qui jusqu'ici leur permettait de maintenir au pouvoir leurs différents protégés:
- Le rapprochement des camps différents opposants Pakistanais devenu majoritaires, et le propre rapprochement de ceux-ci avec les chefs de l'armée
- Les contacts de marchands de tapis entre le gouvernement de Kaboul et les Taliban
- les négociations abordées de façon semble-t'il très réaliste entre le Fatah et le Hamas
- Les discussions de plus en plus poussées entre l'Iran , l'Irak et la Turquie
1/Les deux partis opposés à Musharraf ont trouvé en la personne de Gullani désigné nouveau PM, un représentant politique présentable à l'extérieur comme à l'intérieur du pays, y compris aux yeux de l'Etat-Major de moins en moins convaincu de la pertinence qu'il y aurait à maintenir l'actuel Président (moins populaire que Ben Laden!) au pouvoir.
Leur décision de reprendre des pourparlers avec les chefs des tribus de l'Ouest en quasi-sécession, selon un protocole différent, fait craindre à Washington de se voir retirer l'autorisation -venue bien tardivement- de frapper avec de réels succès dans les provinces du Nord-Ouest.
2/L'incompétence et la gabegie de Karzai et ses acolytes, ses liens anciens et profonds avec les Pashtounes et la perspective de l'offensive très prochaine et vraisemblablement victorieuse des Taliban à l'Ouest (comme nous l'avions prédit il y a déjà plus d'un an) et non au Sud ou à l'Est, dominés par les combats très durs dans lesquels les forces US affrontent les affiliés d'Al Qaeda obligent le président Afghan à négocier un modus vivendi avec ses ennemis: les Taliban sont en effet parfois à une distance si courte de la capitale que la banlieue Ouest leur sert par endroits de caches, dortoirs et arsenaux.
De leur côté, les Américains sont confrontés dans leurs rapports avec leurs alliés à des divisions tactiques, stratégiques et politiques de plus en plus aigües
3/Après l'affront maladroit et brutal qu'a constitué l'autorisation du gouvernement Israelien pour de nouvelles implantations en Cisjordanie Mahmoud Abbas, politicien de faible valeur s'il en est n'a plus guère d'autre choix vu les dissensions menaçantes au sein du Fatah, que de composer avec un Hamas uni qui vient de réussir deux jolis coups : d'une part en faisant connaître ses négociations très soutenues avec Israel (lesquelles malgré les fanfaronnades d'Ehoud Barak ne concernent pas que la libération du soldat franco-israelien), d'autre part en servant de pont entre Damas et un Hezbollah de plus en plus nationaliste et donc récalcitrant aux choix d'Assad.
Dans la perspective d'une entente des deux factions Palestiniennes, le rêve illusoire de Bush de voir un traité de paix signé avant son départ de la Maison Blanche s'effondrerait, même aux esprits pourtant obstinés du Président et de Dick Cheney. A celà s'ajouterait la possibilité d'une nouvelle démonstration guerrière menée par l'incompétente équipe au pouvoir à Jérusalem.
4/Le jeu Kurde a fini d'épuiser la patience d'Ankara et Islamabad; la guerre larvée du pétrole de Kirkouk entre les Kurdes et les Shiites (représentés d'une part par la présidence irakienne et d'autre part par son chef de gouvernement) continue de priver les uns et les autres des énormes ressources que représente un barril à plus de 100$; les incursions Turques menées maintenant au grand jour en Irak , parallèlement à un échange constant d'informations entre Ankara et Téhéran d'une part, Téhéran et le gouvernement Maliki d'autre part démontrent que la partie en Mésopotamie se positionne de plus en plus dans l'après-Bush.
De son côté l'Armée Américaine en Irak , du fait de ses choix tactiques, voit les intérêts des responsables militaires sur place (parfois au niveau des simples capitaines, très immergés dans la réalité locale) entrer en conflit.
Tout ceci laisse prévoir à assez court terme l'émergence de renversements d'alliances et une recomposition très importante de la carte locale, dans laquelle l'influence Américaine n'aura plus pour se maintenir qu'à espérer un changement radical de la prochaine administration élue en Novembre.
L'influence Occidentale diminuera de toutes façons dans cette région, ce qui va accroître l'inquiétude dans les Etats du Golfe, et en Inde .
Le monde géopolitique tel que nous le connaissons devrait ainsi subir les changements profonds que nous annoncions (tels Madame Irma) pour 2008.
Juste quand l'économie passe par une période d'instabilité critique*.
*(Nous réfléchissons d'ailleurs à l'intérêt d'une publication de prospective économique et financière)
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