un autre point net

Après avoir pendant des années manipulé la menace talibane d'abord par solidarité contre le communisme, puis par un choix d'affaiblissement de Kaboul, enfin dans la lutte pour le Cachemire, le Pakistan a su tirer profit ($ 1milliard par an) du 11 septembre et de la "guerre contre la terreur".
Au début il ne fait guère de doute que l'ISI, les services secrets omnipotents, codirigeait la manoeuvre et gagnait de l'influence tant en Afghanistan que dans la perpétuelle lutte interne à Islamabad entre l'armée , les politiques, les islamistes et la puissante confédération industrielle (rappelons que le taux de croissance du Pakistan , sans valoir celui de l'Inde , est suffisament élevé pour exciter les convoitises).

Musharraf avait réussi à satisfaire et réprimer les uns et les autres, mais ses deux fautes majeures

1. L'accord de non-ingérence dans les zones tribales
2. La très mauvaise gestion de la crise provoquée par la suspension d'Iftikhr Chaudry, le juge suprême

font qu'aujourd"hui les élites pakistanaises n'ont plus confiance dans les capacités du général à régler la nouvelle donne: les Taliban qui petit à petit étendent leur chape sur l'Ouest du pays ne sont pas des réfugiés Afghans, mais des Pakistanais.
Cette situation de rapide dégradation d'un pays nucléaire essentiel pour la géopolitique locale n'est tout simplement pas tolérable ni par l'Inde , ni par la Chine , ni par la Russie , ni par ses voisins Iraniens.
L'Administration américaine elle-même, bien qu'ayant poussé la carte personnelle Musharraf à fond devrait être en train de reconsidérer la position à adopter devant la menace majeure que représenterait un Pakistan livré à une insurrection à caractère islamiste.

On doit donc s'attendre à quelques options assez spectaculaires:

• Eviction de Musharaf par ses pairs, les généraux décidant de lui substituer un des leurs, voire Bénazir Bhutto. Cette option interviendrait assez vite.
• Répression d'une férocité inouïe, sachant que les luttes sectaires entre Sunnites et Chiites ou les persécutions contre les Chrétiens sont déjà d'une intensité peu communes
• Insurrection Talibane si dangereuse qu'elle pousserait des pays étrangers à intervenir au Pakistan . Cette option signifierait qu'au préalable ni l'OTAN ni l'ISAF ni l'Armée US n'auraient gagné la bataille politique, militaire et sociale en Afghanistan

Inutile de dire que ce dernier cas de figure aurait un petit air catastrophique.