les petits soucis d'Al Qaida
Déménager n'est pas chose aisée
Les signes d'une aversion envers les méthodes de la "base" (Al Qaida) se manifestent de plus en plus dans les régions incontrolées du Pakistan et de l'Afghanistan .
Du coup le mollah Omar, en lutte avec les clans Haqqani et Mehsud pour retrouver le plein contrôle du mouvement Taliban , doit se distancier encore plus de Ben Laden et consorts (qu'il considérait non pas comme un allié mais plutôt comme un hôte).
Ceux-ci doivent partir, d'autant que le filet des Occidentaux est en train de se resserrer et que l'ISI n'a plus besoin de leurs services au Cachemire.
Restent donc deux bases de repli, déjà en partie noyautées par des officiers subalternes: la Somalie et le Yemen (le gouvernement algérien est trop fort, et l'erythréen trop fantasque) .
La Somalie , une occasion ratée par tout le monde.
Le gouvernement islamiste modéré qui s'est installé (sur une fesse) à Mogadiscio est en train d'être méticuleusement chassé par les Shabab, ce mouvement extrémiste dont les méthodes font immanquablement penser à celles d'Al Qaida Maghreb, c-à-d démontrant un mépris total de la vie humaine et une grande élasticité dans sa lecture du Coran.
Il parait donc envisageable pour al Qaida de profiter de l'erreur africaine de Bush depuis que ses alliés Ethiopiens chrétiens sont partis, et de faire de Mogadiscio un remake de Kaboul.
Pourtant, un certain nombre d'écueils paradoxaux s'y opposent, dont certains ne semblent pas si faciles à régler:
- Il est moins facile d'échapper à la surveillance électronique en Somalie que dans les provinces pakistanaises du Nord-Ouest, ou les villages afghans: le territoire ne s'y prête tout simplement pas.
- Les traditions des différents peuples somaliens, pour celles qui demeurent en tous cas, ne comportent aucun système aussi protecteur que le pashtunwali.
- Les Somaliens sont Noirs. Or les membres d'Al Qaida sont Arabes et ont moins de facilité à se fondre dans la population.
- De plus on ne peut sous-estimer une certaine dose de racisme latent: les seigneurs d'Al Qaida, dans leur folie extrémiste et leurs arrogantes certitudes, se comportent souvent comme les descendants des marchands d'esclaves qui fournissaient les mines d'Europe , les champs d'Amérique, les labeurs les plus durs en Arabie. Ils estiment que l'Islam est avant tout Arabe alors que la réalité d'aujourd'hui attribue à cette arabité une position minoritaire dans le monde musulman.
Ces opérations visant officiellement à garantir le libre passage des marchandises permettent toutes les expérimentations: Al Qaida sait très bien qu'elle y servirait d'alibi aux manoeuvres en conditions de guerre réelles, de surveillance et de frappes ultra-modernes auxquelles les principaux pays modernes ont décidé de se livrer pour des motifs que nous aborderons dans un prochain article.
Le Yemen, un Afghanistan de second choix
Situé entre l'Arabie Saoudite au Nord, le Sultanat d'Oman à l'Est et, de l'autre côté du Golfe d'Aden, l'Erythrée et la Somalie au Sud,ce pays présente un grand nombre de parallélisme avec l'ancien empire Moghul: la population est musulmane, armée , partitionnée en tribus, prétextes idéologiques, rancunes ancestrales, rivalités brigandes, coutumière des trahisons en éventail, etc.
Le haschich est remplacé par le qat, les infrastructures sont dramatiquement obsolètes, le pouvoir central une façade.
Un avantage sur l'Afghanistan , les Yéménites sont Arabes et l'on en compte déjà un nombre important dans la mouvance combattante, aussi bien en Afghanistan , au Pakistan qu'au Cachemire et avant celà, en Irak .
Al Qaida est déjà en train de s'y implanter, la démonstration en a été donnée par le meurtre récent de touristes pris en otages, une première dans ce pays où l'on pratique le rançonnage comme d'autres la culture de tulipes.
Mais la ferveur locale, l'adhésion au mythe du grand califat manquent. De plus, peu de revenus peuvent espérer être tirés de la situation locale, or les fonds en provenance de l'extérieur ne suffisent qu'à peine à faire fonctionner la machine secrète de l'organisation. Il est indispensable de trouver de quoi acheter les amitiés yéménites, déjà sous le collimateur des puissances occidentales, financer les opérations terroristes et, plus généralement subvenir aux besoins très onéreux de la clandestinité.
On peut donc s'attendre dans les mois, mais plus surement dans les semaines à venir à une période de grande vulnérabilité pour la hiérarchie (et même, pour toute l'organisation).
Comme souvent, la parade de protection utilisée par la bande constituera en une stratégie de diversion qui devrait se manifester par des menaces et au moins un attentat médiatique, visant soit une capitale ou une représentation diplomatique occidentale, soit un autre symbole tel qu'un avion ou un paquebot de touristes.
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