un autre point net

Que les forces pakistanaises antagonistes au voeu gouvernemental de rapprochement avec l'Inde aient été amenées à lâcher quelques tueurs avec un coefficient d'efficacité maximal, chacun semble le voir.
Ou le verra bientôt.
Plusieurs services de renseignement ont déjà calculé l'hypothèse que la tuerie de Mumbai n'est en fait qu'un élément de politique intérieure Pakistanaise.

Il est à craindre qu'on ne soit là qu'au premier épisode d'une nouvelle série d'évènements démontrant que l'ISI, une partie des Forces Armées plus ou moins en désaccord avec Kayani, une partie des milieux d'affaires ont décidé d'employer - à leur insu ou non- des éléments intégristes islamistes comme agents déterrents.
Au moment où une partie de l'Armée pakistanaise rencontre des difficultés considérables dans les Régions Tribales du Nord-Ouest (plus de trois mois de combats intensifs, au cours desquels certains officiers ont vu leurs soldats hésiter à tirer sur des Balouches, mais pas sur des GI, de l'autre côté de la frontière), on peut concevoir que certains généraux regrettent la période Musharaf dorée pendant laquelle ils faisaient de juteuses affaires.
L'ISI directement menacée par les dernières initiatives de reprise en main du Président Ali Zardari, et une nébuleuse d'hommes d'affaires en rivalité avec les intérêts privés du Président , ex-"Monsieur 10%", s'ajoutent à ces généraux pour regretter la nouvelle direction des affaires militaires, entièrement tournée vers l'Ouest alors que la redirection des troupes en direction du Cachemire et de l'Inde leur convenait mieux.
Le pays est en très grande détresse économique et financière et a dû faire appel, avec succès, au Fonds Monétaire International (FMI ), alors que l'ennemi de toujours, même s'il est comme la quasi-totalité des pays émergents, obligé de faire face à la crise économique globale, s'en tire beaucoup mieux.
On peut même soupçonner New-Delhi d'être en mesure de profiter plus que n'importe quel autre pays de la crise ocidentale actuelle: les délocalisations n'ont jamais été aussi importantes, et devraient dorénavant toucher des domaines nouveaux, tels que la presse, l'édition, les services.
Les USA , et encore moins l'Angleterre, ne produisent plus beaucoup d'objets manufacturés.
Ils ont basés leurs économies sur les services, brevets, systèmes financiers et autres secteurs immatériels: on devine donc que l'Inde , avec ses dizaines de millions d'anglophones instruits (souvent même d'un niveau extrêmement élevé, acquis dans les Universités américaines ou anglaises) est en mesure d'offrir sa main-d'oeuvre (il faudra trouver un autre terme que "main-d'oeuvre": know-how et brainpool suffiront-ils? ) dans tant de domaines qu'elle peut devenir le nouveau centre mondial du nouveau système de croissance qui devrait naître grâce - ou à cause- de la crise globale.
Une stratégie de la tension est donc envisageable, surtout si le pouvoir politique Indien n'est pas en mesure de tenir jusqu'à la relève présidentielle à Washington .
Cette tension profiterait à la Chine , dans la mesure où ce qui n'est pas bon pour New-Delhi n'est pas forcément mauvais pour Pékin .
Pourtant on sait que les Lashkars-e-Taiba qui ont vraisemblablement servis de prestataires à la fraction pakistanaise, sont financés et en partie dirigés par l'Arabie Saoudite : celle-ci, une fois le président Obama en fonction, voudra t'elle vraiment jouer de ce moyen de pression?
Sans doute pas.
Mais il existe bien d'autres groupuscules manipulables à souhait dans la nébuleuse islamiste, et l'ISI a de longue date démontré ses qualités en la matière (Mosquée Rouge, télécommande d'Haqqani et de Hekmatyar en Afghanistan , entre autres affaires).
On s'attend donc, en l'absence de dérapage indien d'ici la fin Janvier 2009, à une nouvelle attaque spectaculaire sur la plus grande démocratie du monde,
dont les forces armées et anti-insurrectionnelles ont fait étalage d'une incompétence et d'un sous-équipement exemplaires.