Quitter Kaboul
Lorsque les Britanniques quittèrent Kaboul suite à une tentative ratée d'occupation de l'Afghanistan , ils tentèrent de rejoindre ce qui est aujourd'hui le Pakistan en passant par Jalalabad, puis de franchir la passe de Khiber.
Sur les presque 17 000 soldats et civils de ce qui était à l'époque la première puissance mondiale, un seul homme, un médecin survécut.
Le monde eut alors du mal à croire que ces pouilleux barbus et mal armés avaient terrassés les brillantes troupes de l'Empire.
Plus d'un siècle plus tard, alors que les autorités soviétiques se rendaient enfin à l'évidence qu'on n'occupe pas l'Afghanistan , les généraux convainquirent le soviet Suprême qu'ils ne pourraient quitter le pays sans négocier, s'ils voulaient éviter de se faire massacrer et perdre des quantités énormes de matériel.
Il fallut alors monnayer les conditions du départ.
Le Kremlin vieilli et essoufflé avait besoin de montrer à la population d'URSS, et accessoirement au monde que tout allait bien.
Des valises de dollars et des réserves de munitions furent alors livrées aux Moudjahiddin qui accordèrent à l'Armée Rouge la charmante mise en scène de soldats soviétiques aux mines souriantes quittant l'Afghanistan en agîtant plein de petits drapeaux rouges.
2014?
Les Français ont entamé depuis plusieurs 2012 le rapatriement de troupes et de grosses quantités de matériel sensible,.
Bien leur en prit.
Il est certain que ni les Américains, ni les Anglais ni les Allemands n'ont apprécié cette initiative peu solidaire engagée par le Président Sarkozy, pourtant cela garantit aux forces de l'Hexagone de courir un moindre risque. car comment va se dérouler le départ des forces de l'ISAF?
Certes, les USA sont en négociation avec les Taliban afin de s'assurer de conditions de départ dignes (qui leur éviteraient notamment, pour se dégager, de bombarder à outrance et de causer des centaines de victimes civiles ou d'offrir grâce à youtube un flot d'images humiliantes), or ces négociations sont systématiquement torpillées soit par la bande de Hamid Kharzai, soit par les Taliban Pakistanais pour des questions évidentes de pouvoir politique.
Par ailleurs se pose la douloureuse question stratégique de la voie de sortie.
En effet, quels sont les choix?
Par le Nord?
L'Occident verse déjà des sommes considérables aux dictateurs plus ou moins féroces du Tadjikistan, de l'Ouzbekistan et dans une moindre mesure, du Khazakstan, et le désarroi occidental ne ferait que renforcer des chefs d'Etat aux méthodes passablement éloignées des principes angéliques affichés par l'Occident en matière de Droits de l'Homme.
De plus, une fois passés ces pays il faudra l'assentiment de Poutine pour aller plus loin et l'on imagine la hauteur du droit de passage exigé par le président russe , sur les plans stratégiques, économiques et financiers.
Par le Pakistan ?
Même sans aggravation de la tension entre Islamabad et Washington , ce ne sera pas une mince affaire tant les infrastructures du pays sont faibles, et le danger des groupes islamiques fort.
Reste l'Iran .
Mais cela demande d'imaginer que d'ici un an les USA auront trouvé un accord non seulement avec Téhéran mais aussi Tel-Aviv pour s'ouvrir un passage. Peu probable, même si les élections présidentielles iraniennes offrent une opportunité pour sauver la face. Mais pas impossible.
En résumé, s'il est un indice vraiment révélateur de l'extrême fragilité dans laquelle se trouve l'Occident, c'est bien qu'aucune des autorités participant à l'ISAF n'évoque ces conditions de départ, théoriquement proches et pratiquement nulles.
Merci
Un rappel poignant que l'Afghanistan reste un terrain difficile pour les puissances étrangères.
Anonyme | Le Mercredi 10/07/2024 à 14:06 | | Répondre