Une attention mal portée
le Liban n'est pas forcément la prochaine scène du drame
Mots-clés : Turquie , Turcs
Depuis environ deux semaines, à l'approche de l'anniversaire du déclenchement de la guerre policière qu'Israël mena au Liban, les experts, les stratèges, les politiques, les marchands d'armes puis les media prédisent une rechute.
Les militants de Fatah al Islam continuent de tenir Nahr El Bahred et sont en train de redonner un petit coup de chaud, provoquant de la part de l'Armée Libanaise des réactions d'artillerie inefficaces d'un point de vue militaire mais destructrices de biens Palestiniens.
Politiquement, l'action de Fatah al Islam a eu jusqu'ici pour principale conséquence politique l'annulation de l'accord tacite qui empêchait l'armée Libanaise de pénétrer dans les camps palestiniens. C'est pourquoi nous continuons de penser que Damas n'est pas derrière les manettes.
Entretemps le Hezbollah s'est réarmé, la Syrie est sur ses gardes et le corps international serre les cuisses, se demandant s'il est un bouclier ou un tampon.
Au moins la FINUL est assurée d'être une cible idéale (au passage on ne soulignera jamais assez le nombre de fautes de stratégie et tactique militaire qui ont été commises dans sa composition, son emplacement, son armement, sa mission, etc) et un futur enjeu de marchandage.
L'armée Israelienne, qui a récemment intensifié ses vols de surveillance, -jets ou drones- serait la plus évidente bénéficiaire d'une reprise des combats, et celà pour plusieurs raisons dont nous ne citerons que celles-ci:
- Il lui importe de ne pas rester sur ce qui est perçu comme une défaite. Son image ternie affaiblit en effet Israël et rend moins crédible son pouvoir dissuasif. Elle a en outre à coeur de remonter le moral des réservistes.
- Faire la démonstration que les modifications apportées à son armement et à son raisonnement tactique sont efficaces.
- Montrer que malgré la succession de scandales et d'incompétences d'une grosse part des membres du gouvernement, l'Etat fonctionne mieux qu'aucun autre dans la région.
- L'échec évident des Américains en Irak et en Afghanistan joue contre Tel-Aviv, qui ne peut plus laisser entendre que quoiqu'il arrive à Tsahal , la première puissance mondiale saura lui venir en aide le cas échéant.
- Sa mission (libératon des otages, élimination de la menace du Hezbollah) n'a toujours pas été remplie.
- Une gesticulation pourrait pousser la Syrie à finaliser son éloignement d'Iran .
Mais au-delà de la problématique strictement Israelienne, l'attention portée à une reprise des combats au Liban fait oublier que les deux nouvelles données régionales les plus importantes depuis un an doivent être rapidement résolues.
Gaza
Politiquement, l'attitude de Mahmoud Abbas est vouée à l'échec. Si la plupart des responsables du Quartet ne parlent plus, à l'instar de N.Sarkozy récemment, d'un "Etat Palestinien indépendant autonome et viable" que comme on surine une litanie, il n'empêche que laisser la population qui a élu démocratiquement le Hamas sans aucun soutien Occidental ne ferait que renforcer les pires éxtrémismes et ferait petit à petit basculer la Cisjordanie, puis la Jordanie, dans l'instabilité (L'option en vogue actuellement, d'intégrer la Cisjordanie sous protectorat d'Amman et Gaza sous la férule de l'Egypte nous paraît follement risquée, en plus d'être injuste et de constituer un message antidémocratique aux populations Arabes.)
Pour l'instant, seuls les Anglais jouent une meilleure partie.
Kurdistan
Enfin l'autre danger majeur est actuellement l'éventualité d'une action militaire Turque au Kurdistan Irakien: Turcs et Kurdes sont alliés des USA , mais ceux-ci du fait de leurs déboires militaires n'ont en Irak de véritables alliés que les Kurdes (rappelons que le Président Irakien est un Kurde). Que Washington déçoive Ankara , déjà en contact poussé avec Téhéran, et l'on assisterait à une nouvelle glissade mal contrôlée..
Que l'aventure militaire ait lieu, qu'elle se passe mal (et comment pourrait-elle bien se dérouler?) et alors, ce n'est pas le troisième porte-avions Américain prévu dans le Golfe qui y changera quelque chose: le très fragile équilibre entre le pouvoir civil Turc et sa hiérarchie militaire pourrait voler en éclat et radicaliser les mouvances Islamistes, jusque-là tenues en échec par le seul gouvernement Démocrate-Musulman authentique de la région.
- si israël a gagné quelque chose dans la guerre de l'été dernier, c'est la responsabilisation du liban en tant qu'état souverain.
- et tsahal est certainement plus menaçante sans l'aide (tactique) américaine, et dans une logique de survie.
pour ces deux raisons, une itiative militaire israëlienne ne me semble pas probable. l'enjeu pour eux serait davantage de favoriser la stabilité d'un état libanais, et les éléments d'un état palestinien, malgré toutes les contraintes imposées a priori.
par contre, si vous pouviez développer les indices d'un basculement de la turquie.
? | Le Vendredi 13/07/2007 à 18:16 | | Répondre