une bureaucratie balourde au "service" de la force
Depuis l'effondrement de son ennemi initial l'URSS, l'OTAN (Organisation du Traité Atlantique-Nord) est sortie du cadre pour lequel elle avait été créée d'une part en intervenant hors de sa zone géographique (Afghanistan ) d'autre part sans qu'aucun de ses membres n'ait été menacé (Lybie).
Selon ses propres termes, l'Organisation est en illégitimité.
Cette coalition, plus puissante réunion de forces militaires au monde (2 millions de personnels militaires, quantité innombrable des armes les plus modernes et les plus mortelles dans les trois dimensions) a été activée et utilisée par les chefs d'Etat de telle manière que ce qui paraissait à tout un chacun comme un bulldozer que rien ne pouvait arrêter ressemble maintenant à un obèse bureaucratique pataud que ses milliers d'yeux aveuglent, que ses multiples bras et jambes invalident, que ses innombrables gadgets ruinent, et à qui il manque décidément une chose: une tête.
Si possible avec un cerveau dedans.
Car il faut bien admettre que ses milliards de budgets, ses dizaines de think tank et ses milliers de jours de manoeuvre ne se sont guère montrés déterminants dans les conflits opposant à chaque fois deux camps au sein de ces deux petits pays (environ 26 millions à eux d'eux, soit moins que la Belgique et les Pays-Bas réunis).
Dans le premier l'ennemi est sans moyens aériens, sans armements lourds, sans satellites, sans approvisionnements sophistiqués mais tient bon depuis dix ans, ce qui est tout de même considérable.
Dans l'autre où près d'un tiers de l'équipement est aux mains de "rebelles" alliés à l'OTAN , l'armée adverse est équipée de matériels vieillissants et mal entretenus. Elle est en outre limitée par un blocus qui l'empêche de se réapprovisionner alors que ses adversaires bénéficient au contraire d'approvionnements allant crescendo.
De plus le pouvoir en place, malgré des bombardements très intenses et de graves risques pour ses infratructures, a jusqu'ici refusé d'utiliser ses missiles les plus puissants alors que de son côté l'OTAN ne se prive de "gâcher" sur la moindre casemate ses munitions intelligentes hors de prix (on rappelle qu'un seul missile Tomahawk -et il en fut lancé des centaines- coûte 1,5 million de dollars).
Les annonces presque triomphalistes des autorités Américaines à propos de la sécurité dans certaines régions de l'Afghanistan ne devraient tromper que ceux qui les émettent.
Elles rappellent en fait les premières rodomontades formulées par les autorités Outre-Atlantique jusqu'à 2006, année où le Département de la Défense US et l'OTAN réalisèrent enfin le caractère saisonnier typique de la guerre dans ce pays où les combattants déposent les armes le temps de s'occuper de travailler la terre puis de récolter.
Aujourd'hui les Taliban ont parfaitement compris les messages émanant de la Maison Blanche: l'envahisseur américain va partir et les laisser seuls face à une ANA (Armée Nationale Afghane) qui serait paraît-il devenue étonnanment efficace, professionnelle et cohérente d'un bout du pays à l'autre mais dont on peut parier qu'elle se délitera rapidement si l'actuel pouvoir civil reste en place.
Quant aux déclarations officielles sur le thème "Khaddafi est fini" prononcées quasiment depuis le début de l'intervention occidentale par les ministres et généraux français, anglais ou le patron de l'OTAN , elles ne font que dévaloriser encore le pouvoir dissuasif de l'Alliance.
Dans les deux cas, l'absence de cohérence stratégique laisse pantois.
L'arrogance des états-majors refusant de réfléchir aux spécificités et à l'histoire de l'adversaire et gonflés de leur propre importance rappelle nombre d'échecs précédents au cours desquels les chefs d'armées gigantesques s'intoxiquaient de leur supériorité supposée (de Darius à Westmoreland) et oubliaient le principe fondamental de flexibilité qui est un composant déterminant dans tout conflit.
On remarquera qu'aucun but de guerre n'a été assigné aux chefs militaires de l'Organisation, alors que l'Histoire a prouvé qu'une guerre sans limite temporelle, territoriale ou factuelle était le fondement même d'une guerre totale.
Si les pays émergents ont un peu de jugeote, gageons que les commandes d'armement de 4ème et 5ème génération ne devraient plus suivre la pente ascendante espérée par des chefs d'état qui, par ailleurs, venaient d'annoncer d'importantes réductions budgétaires pour accompagner ce qu'on appelle dérisoirement la "rigueur".
Il devient de plus en plus apparent que le credo occidental selon lequel la qualité et l'avance technologiques seraient supérieures à la quantité et à la résilience, est à revoir.
Les BRIC, auxquels il conviendrait d'ajouter la Corée du Sud, l'Afrique du Sud entre autres, seraient bien avisées de réfléchir à un juste milieu.
La France et l'Angleterre aussi d'ailleurs, mais pour d'autres raisons.
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Barak Obama avait été clair dès le début, et ce avant les autres politiciens américains:
la guerre d'Irak était à la fois une injustice, une erreur stratégique et un cadeau fait à l'intégrisme islamique.
L'Afghanistan par contre était une guerre regrettable mais justifiée: l'Occident ne pouvait permettre à Al Qaeda (la base) de retrouver dans l'ancienne terre Moghule le terrain d'entrainement et d'accroissement qui s'offrirait en cas de défaite des forces de l'ISAF et des USA .
Comme promis pendant la campagne on allait se retirer d'Irak , vaincre les Taliban en Afghanistan , et quitter Kaboul une fois la capitale d'Afghanistan devenue un hâvre de démocratie.
La réalité étant comme toujours dans un conflit le principal obstacle aux théories, on s'aperçoit avec le temps que le président américain, bien que proclamant haut et fort son intérêt pour les nouvelles approches a recours aux vieilles ficelles, même si pour cela on emploie de nouvelles technologies.
B comme Brejnev:
comme l'ancien Sécrétaire du Parti Communiste d'Union Soviétique, l'hôte de la Maison Blanche a conclu qu'une force d'occupation du fort au faible ne fonctionnerait pas dans ce pays indompté.
Après quelques années d'opérations classiques aussi désastreuses militairement que diplomatiquement ruineuses, Leonid Brejnev fit appel aux forces spéciales .
En URSS cela signifiait passer la main aux services spéciaux, donc au KGB. Si les méthodes de l'agence n'aboutirent à aucun renversement en défaveur des Moudjaheddine, elles permirent de s'entendre (notamment avec Massoud) sur un modus vivendi autorisant le départ du pays sans -trop- perdre la face.
En échange, le KGB devint ainsi la première force politique d'Union Soviétique, ses chefs Andropov puis Gorbatchev succédant à Brejnev.
Sous cette optique, Obama insista pour l'accroissement des forces spéciales et pour une augmentation conséquente des opérations "sales" de la CIA: il décida de lâcher la bride aux attaques par les drones (qu'on peut également appeler "assassinats ciblés"), autorisa les opérations d'infiltrations pour éliminations en territoire pakistanais et installa rapidement au commandement le général Mac Chrystal qui avait fait quasiment toute sa carrière dans les Forces Spéciales.
B comme Bush
Grâce aux efforts du général Petraeus et à la politique des enveloppes pleines de cash données aux chefs sunnites pour qu'ils ne combattent plus les forces américaines mais Al Qaeda , les USA avaient renversé la vapeur en Irak , aidés aussi en cela par le fameux "surge".
L'opposition armée irakienne, assurée par les promesses américaines de partir d'Irak pour aller vaincre en Afghanistan , baissa le niveau des opérations le temps que les troupes US puissent se cloitrer dans les nouvelles positions choisies, hors des villes et de toute influence sur la réalité du terrain.
C'est un peu le plan qu'Obama voudrait imposer: on augmente (on double presque) les effectifs, on assassine les ennemis qu'on ne peut acheter, on forme une armée et une police locales et on se retire dans des fortins.
Malheureusement pour le jeune président, l'Afghanistan n'est pas comme l'Irak un pays régi par un pouvoir central fort, une administration rôdée, des infrastructures relativement modernes.
L'Afghanistan est encore moins la Suisse où les élections, aboutissement de volontés populaires, sont sans tâches.
Amid Karzai représente parfaitement ce que son pays peut offrir de mieux en terme de "gouvernance civile": l'administration n'est qu'une occasion de soutirer des avantages matériels et de gagner de l'influence.
Népotisme, arrangements avec les trafiquants, division par groupes ethniques, clientélisme, négligence, manque de structures, communication fantaisiste, soumission à des querelles séculaires.
Un des plus beaux pays du monde ne mérite pas que l'Occident lui impose une telle marionnette, ni ne cherche à en faire un clone qui ne tiendra jamais tout seul.
Sa population, attachée à des valeurs traditionnelles hors de ce temps n'a guère de chance d'accepter la démocratie qu'on veut lui enfoncer dans la gorge.
B comme Biden
Le vice-président a acquis un statut justifié d'expert en politique internationale en tant que membre influent de la commission des affaires étrangères du Sénat, au cours de ses nombreux voyages, lors d'entretiens et de conférences puis pendant sa brève campagne pour l'élection présidentielle de 2008.
Tout particulièrement sur l'Irak , l'Afghanistan , l'Iran et le Caucase, ses interventions ont attiré l'attention des militaires et des chercheurs en stratégie, que ce soit aux USA ou en Europe .
Son analyse, en partie basée sur sa connaissance (plutôt rare chez les décideurs outre-Atlantique) de l'Histoire et son observation des années Bush était assez simple et partagée par ceux qui ont passé du temps sur le terrain:
L'Afghanistan n'est absolument pas prêt à vivre dans un système à l'occidental. Les élections sont une vue de l'esprit dans un pays où les conseil des tribus (jirga) permettent de régler les problèmes et où la justice est rendue au niveau strictement local, un pays où l'administration de l'Etat a toujours été perçue comme le moyen de distribuer faveurs et pourbendes à ceux qui étaient assez malins pour s'insinuer dans les rouages ou trop bêtes pour éviter le fonctionnariat.
Sa proposition de se débarrasser de Karzai et de Fahim et de les remplacer par un collège comprenant notamment Abdallah Abdallah n'a pas été retenue.
Pour Joseph Biden, installer une armée étrangère en Afghanistan est une entreprise vouée à l'échec: en peu de temps les Afghans la perçoivent comme une année d'occupation, cruelle et ignorante de la réalité locale. Ceux qui ont connu l'Afghanistan du temps de la guerre contre les Soviétiques ont en mémoire les innombrables malentendus, renversements d'alliance, conflits d'intérêt, terreur devant la mécanisation, incompréhension des valeurs occidentales, etc, qui font qu'au bout de quelques mois tout ce qui est étranger à l'Afghanistan doit plier bagages.
Il convient donc d'être présent mais invisible.
Pour Biden encore, le danger n'est plus depuis longtemps en Afghanistan mais au Pakistan , thèse que nous avons d'ailleurs défendue ici depuis les débuts de ce blog. Biden voudrait augmenter la présence et la puissance des Américains dans les bases situées au Pakistan , et frapper assez fort non pas tant dans les régions tribales qu'au haut état-major de l'armée d'Islamabad.
Les solutions envisagées ici il y a dix-huit mois demeurent d'actualité, preuve à notre sens qu'on a perdu du temps.
Un temps dramatiquement mesuré en pertes humaines de tous les cotés.
Malheureusement ses thèses non classiques, refusant de jouer sur la quantité et l'effet habituel de masse technologique et humaine qui est le mantra de l'armée US depuis la 2ème guerre mondiale, rencontrent le scepticisme de la plupart et Obama, qui a failli y adhérer, a dû y renoncer en partie pour satisfaire le fameux (et quelque peu fantasmatique) complexe militaro-industriel.
B comme bizness
Une des raisons majeures de l'échec occidental à impliquer la population afghane vient de ce que l'énorme pactole de la "reconstruction", "modernisation", "démocratisation" destiné à refaire des routes, des infrastructures de communication, d'electricité, de voiries, de'administraion locale est passé dans les mains de sociétés privées principalement américaines, parfois européennes, voire aux soins des ONG, lesquelles sont pour la plupart en train de se transformer en sociétés financièrement opportunistes de l'humanitaire.
Au lieu de faire travailler la population locale, on a vu débarquer n'importe quoi, un peu comme au début de l'occupation irakienne: tout ce qui avait un contact privé avec les responsables occidentaux a pu bénéficier d'un contrat, rarement honoré.
B comme bide.
En annonçant longtemps à l'avance des dates de départ, Obama a renforcé l'opinion des Afghans selon laquelle les talibans allaient revenir au pouvoir (Karzai après tout ne travaille t'il pas ouvertement dans cette direction?) et qu'il était urgent de ne pas avoir de passé pro-occidental.
Les pertes en hommes de troupe vont rapidement devenir insoutenables pour les démocraties présentes à Kaboul, d'autant qu'on est désormais très clairement devant une situation de guerre totale, c'est-à-dire sans but clair: comment définir la victoire, comment situer la fin de la guerre si ce n'est en remballant nos bagages?
Le départ des Occidentaux devrait laisser la place à une lutte Afghane classique, avec renversements d'alliance, trahison et ostracismes, rebéllions et massacres.
Les taliban devront vaincre certains seigneurs de la guerre, résoudre le problème de l'opium et faire face à l'antagonisme des non-pashtounes.
Sur le plan stratégique, le vide causé par la déroute occidentale laissera la place à la rivalité croissante entre l'Inde et la Chine , le Pakistan s'obstinant de son côté à considérer l'Afghanistan comme un hinterland face au danger représenté par New-Delhi, l'Inde elle-même voyant d'un mauvais oeil tout rapprochement entre la Chine , Kaboul et Islamabad.
On verrait alors un trio composé de l'Inde , de la Russie et de l'Iran prendre forme, ce qui nous amènera à proposer un billet sur les nouvelles plaques tstratégiques d'un Orient de plus en plus débarrassé de l'Amérique et, évidemment, de l'Europe .
Quand à Al Qaeda , son entreprise de déménagement vers le Yemen que nous évoquions l'année dernière est déjà bien entamée.
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Des projets stratégiques toujours plus nombreux
Alors que l'on est en pleine crise financière, économique et industrielle, la crise énergétique continue.
Même si les prix et la consommation de pétrole et de gaz diminuent, l'importance stratégique de la production, de l'acheminement et de la distribution de carburant demeure la même.
Désormais inquiets pour leur avenir et la paix sociale, les dirigeants russes mettent encore moins de gants pour faire valoir leurs payements ou leur position dominante en Europe .
N'ayant pas investi dans les infrastructures pourtant misérables de leur pays lorsque l'argent rentrait à flot grâce à un prix record des hydrocarbures, les voilà aujourd'hui obligés de puiser dans leurs trésors de guerre pour maintenir le chomage et les prix de la consomation à un niveau acceptable.
Ils ont cependant eu la clairvoyance de continuer à oeuvrer de concert avec l'Allemagne pour renforcer leur position de fournisseur dans l'affaire de l'oléoduc de la Baltique et accessoirement en exerçant une pression forte sur les dirigeants serbes afin d'empêcher la réalisation des oléoducs concurrents.
Ceci n'étonnera personne, même si l'on continue de se demander comment Mme Merkel parvient à éviter ce sujet délicat avec ses partenaires européens, peu convaincus par l'argument selon lequel cet oléoduc permettrait de jouer avec les russes au jeu de la barbichette.
Mais si la récente sortie de Siemens du capital d'Areva était attendue, l'entrée de la puissante société allemande -aux manoeuvres et aux moeurs souvent ciblés par la justice- dans la production de centrales nucléaires en partenariat avec un consortium de sociétés russes surprend quelque peu.
D'abord par la rapidité de ce revirement, ensuite par son timing au moment où la bataille (commerciale) nucléaire ne fait que commencer à montrer son intensité partout dans le monde, notamment par suite du réchauffement climatique et de la récente crise pétrolière.
C'est cependant surtout par ses perspectives politiques qu'une telle alliance commerciale et industrielle inquiète et risque de renvoyer à de sombres souvenirs.
En effet, un partenariat stratégique Russo-Allemand dans le domaine de la distribution d'hydrocarbures, jumelé avec la production de centrales et d'énergie nucléaire s génère quelques questions de fond sur la nature du lien que désire entretenir Berlin avec le reste de l'Europe .
Est-on face à un danger de bascule, qui verrait l'industrie allemande entraîner les pays d'Europe de l'Est vers un marché commun parallèle avec la Russie , au détriment de son partenariat jugé trop problématique avec d'une part la France et l'Angleterre pour des raisons politiques, et d'autre part avec les pays du Sud de l'Europe (Espagne, Portugal, Italie, Grèce) pour des raisons de philosophie économique?
Cela peut paraître peu probable, les chefs de l'industrie Allemande étant conscients combien manque en Russie l'élément stabilisateur indispensable que constitue par exemple le respect des lois commerciales.
Pourtant, alors qu'apparaissent au grand jour de nombreux éléments (et affaires de justice) révélant l'ampleur de la corruption Outre-Rhin et que certains doutes concernant les liens entretenus entre certains politiciens et hauts fonctionnaires allemands avec de très puissantes sociétés russes -notamment certaines établies en Allemagne même, on en vient à se poser avec une certaine inquiétude la question fondamentale de la réelle position de l'Allemagne au sein de l'Europe , de l'Alliance Atlantique: est-elle permanente? Chancelante? Double?
La tentation de l'Est n'est pas nouvelle à Berlin, placé au centre même de l'Europe , et elle a toujours fait partie des scenarii envisagés avec crainte par Paris et Londres.
Aujourd'hui, alors que la guerre interne commence à prendre de l'ampleur au Kremlin, certaines ambiguités allemandes doivent être éclaircies.
Mais certaines inepties françaises doivent également cesser telles l'arrogance, la pusillanimité et l'absence de vision élargie.
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la radicalisation de l'Islamisme en Afrique
L'Amérique et son prochain Président semblent se tourner à nouveau avec insistance vers l'Afghanistan , où l'urgence ne fait que croître.
Il existe pourtant un terrain où l'intervention des USA a été une erreur stratégique et une catastrophe tactique majeures, la Somalie .
Laissée pratiquement à l'abandon par l'Occident depuis que l'armée ethiopienne (à majorité chrétienne) occupe la capitale et les principaux axes menant vers le Nord, la Somalie va très bientôt remplir un rôle pivotal croissant dans la lutte que mène l'Occident contre un ensemble désormais assez flou de combattants plus ou moins Islamistes et plus ou moins liés au terrorisme.
On reparle aujourd'hui beaucoup de ce pays à cause des actes croissants de piraterie qui obligent à modifier le routage ou le rythme des transports Est-Ouest et désormais, de l'acheminement pétrolier.
Cette menace de piraterie n'est pas négligeable mais elle risque de peser moins face aux perspectives dont il est difficile de mesurer l'ampleur d'ici un ou deux ans, voire d'ici quelques mois:
Addis Abeba ayant annoncé depuis longtemps qu'elle retirerait ses troupes à la fin 2008, il ne fait aucun doute que les Islamistes chassés du pouvoir par Bush en 2006 alors qu'ils avaient apporté un début de paix civile, vont revenir: ils occupent déjà la quasi-totalité du territoire et les deuxième et troisième villes du pays. Pour l'instant, ils piaffent à 40 kms de Mogadiscio.
Sauf que ce ne sont plus les mêmes: ceux qui s'étaient emparés de la capitale et l'avaient gouvernée pendant six mois avaient interrompus la gabegie meurtrière qu'y faisaient régner les seigneurs de la guerre. Ils avaient certes imposé la chariah, mais dans un esprit plus Africain que Moyen-Oriental, c'est-à-dire plus tolérant.
Ceux qui vont revenir sont beaucoup plus intégristes et intolérants (pardon pour le pléonasme).
Emmenés par les Shabab, on peut penser qu'ils nourrissent une rancune tenace envers l'Occident: n'ont-ils pas été pourchassés en plein désert ou dans leurs positions traditionnelles par les avions-canons Américains, au prix de lourdes pertes civiles?
Peut-on seulement imaginer l'impact que peuvent avoir pour ces peuplades l'arrivée inopinée d'avions particulièrement meurtriers qui tuent sans discernement?
Est-il si difficile de voir le parallèle avec les villages Afghans détruits par les tirs erronnés d'une même US Air Force, qui font que ces populations ont énormément de mal à percevoir leurs assassins mécanisés comme des libérateurs?
Une fois les Islamistes au pouvoir, on peut légitimement envisager que diverses factions essaimeront depuis Mogadiscio vers les pays Africains voisins, et notamment l'Ethiopie chrétienne, le Kenya dont les cicatrices que la récente élection présidentielle a laissées au sein d'une population désormais divisée selon des critères ethniques n'ont pas refermés?
Chassés d'Afghanistan (dans le meilleur des cas pour l'OTAN ), les combattants d'Al Qaeda et consorts ne trouveront-ils pas réellement cette fois, -comme le croyait alors le Président Bush- un terrain d'accueil favorable en Somalie ?
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